Infirmiers libéraux : ne ratez pas le tournant de la santé numérique !

Le numérique a envahi notre quotidien, il est partout ! Et le domaine de la santé n’y échappe pas. Demain la Santé Numérique sera une réalité de la recherche médicale à l’organisation des soins. Quel rôle les infirmiers libéraux peuvent-ils endosser dans cette mutation ? Comment mettre en place de véritables outils métiers pour rester au cœur de la santé ? Comment asseoir leur rôle qui peut être prédominant ? On vous livre quelques pistes de réflexions.

 

La santé numérique qu’est-ce que c’est ?        

Santé numérique, E-Santé, santé connectée, santé 2.0,… les termes ne manquent pas, mais c’est quoi donc exactement ? Pour l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) la santé numérique ou e-santé se définit comme « les services du numérique au service du bien-être de la personne ». Elle se définit également ainsi « l’utilisation des outils de production, de transmission, de gestion et de partage d’informations numérisées au bénéfice des pratiques tant médicales que médico-sociales ». Elle couvre donc ce qu’on appelle la télémédecine, les systèmes d’informations des acteurs sanitaires, médico-sociaux et ambulatoires autour du patient/usager, le DMP (dossier médical partagé) et tous les nouveaux usages qui s’appuient sur le numérique (outils numériques, dispositifs connectés,…), comme Tab Santé le dossier de soins infirmiers digitalisé.

Connaissez-vous le E-Soin ?

Le E-Soin, est un concept déposé par Giovanni Silverii (infirmier libéral et fondateur de TabSanté), il s’adresse en premier lieu aux infirmiers mais également aux autres paramédicaux. Le E-Soin est donc du Soin connecté, du Soin numérique. Il a pour vocation de promouvoir « le prendre soin digital ». Giovanni Silverii en est un des acteurs engagés et propose une formation DPC qui prendra place dès le premier trimestre 2020.

Quels enjeux pour la Santé Numérique ?

Les enjeux de la santé Numérique se trouvent dans les datas ou données de Santé. Ces données sont collectées de différentes manières par le biais des appareils de mesure connectés, de tests cliniques,… ou par les soignants. Pour bien comprendre, arrêtons-nous quelques instants sur un exemple très précis de données de santé recueillies dans un contexte de soins.

  • Un chirurgien opère de très nombreux kystes, il fait faire les soins en ambulatoire. Cependant, les pansements faits à domicile sont peu ou pas tracés.
  • Le chirurgien n’obtient jamais de retour, il fait donc revenir le patient plusieurs fois à l’hôpital pour suivre son évolution.
  • Ce n’est pas bon pour l’économie de la santé, en général, ce n’est pas très bon pour le patient qui fait des allers-retours évitables !

Imaginez que l’infirmier à domicile ait des outils digitaux métiers lui permettant de partager ses données avec le chirurgien. Ce dernier n’aurait pas à faire revenir aussi régulièrement le patient. Il pourrait en plus les étudier a posteriori afin de parfaire ses techniques chirurgicales et les suites de soin. De même, l’infirmier pourrait également améliorer ses propres techniques et les dispositifs utilisés. Le patient pourrait rester tranquillement chez lui. Une communication gagnante pour tous ! Chaque jour en France des centaines de milliards de données sont potentiellement recueillies. Potentiellement, car aujourd’hui elles sont soient absentes, soient incomplètes soient inutilisées ! Et pourtant ces données, sont un enjeu économique dans les économies de santé. Ces datas vont permettre des études statistiques afin d’améliorer tant les dispositifs et les médicaments, que la prévention des maladies.

Quel rôle pour l’infirmier libéral ?

L’infirmier a un rôle clé à jouer, il est au centre de la prise en charge :

  • Il est là 24 heures sur 24, 365 jours sur 365.
  • Il est celui qui fait les soins que le médecin prescrit
  • Il évalue en premier lieu les soins et les effets thérapeutiques
  • Il trace et suit tous les soins.

L’infirmier à domicile doté des outils adéquats, devient le maillon indispensable pour une santé numérique réellement efficace. Actuellement, l’infirmier au chevet du patient recueille toutes ces données santé, mais le plus souvent dans la plus grande frustration puisque personne ne les utilise, ni même n’y a accès. La grande majorité des soignants travaillent sur des supports papiers, cahiers ou dossier de soins papier, difficiles à partager. Ils n’ont pas de support de traçabilité et de suivi. Des données qui se perdent à tout jamais alors qu’elles devraient être d’utilité publique. Cela entraîne une perte d’argent, de temps et d’efficacité des soins.

Quels outils numériques existent aujourd’hui pour les IDEL ?

La liste des outils numériques se développe chaque jour, mais les outils véritablement liés au soin à domicile ne sont pas légion. Or, le numérique apporte une amélioration fondamentale de la qualité des soins au bénéfice des patients et peut permettre de réduire leur coût. La notion de logiciel métier est importante car elle exclue les logiciels de facturation des actes qui ne correspondent pas directement à du prendre soin. Le dossier de soins infirmiers digitalisé est un des rares outils digital totalement dédié au soin, un véritable outil métier pour que le soignant s’approprie ses données afin de lui permettre d’améliorer le suivi de ses soins et donc la prise en charge des patients à domicile

Comment l’infirmier doit s’approprier le numérique ?

Pour que la E-Santé ne soit pas uniquement réservée aux ingénieurs et aux diplômés des écoles de commerce, aux médecins et aux pharmaciens, mais qu’elle soit également « dirigée » par des paramédicaux. Les infirmiers doivent démontrer, en s’emparant des outils numériques, que leurs données sont indispensables à une meilleure prise en charge des patients et qu’il peut ainsi participer aux économies de Santé.

Le numérique doit faire partie intégrante de la formation des infirmiers. Formation continue des infirmiers en activité, formation initiale dans les instances qui forment les futurs soignants de demain. L’infirmier ne doit pas rater ce tournant de la santé numérique pour ne pas être relégué à un simple rôle d’assistant médical.