Infirmière libérale : quelle retraite ?
Loin de nous l’idée de polémiquer sur la réforme des retraites du moment. Cependant on profite de l’actualité pour dresser un état des lieux de la retraite des infirmières. Qu’en est-il en ce mois de mars 2023 avant l’adoption de la réforme en cours ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est très loin de l’Eldorado !
Retraite des infirmières libérales : anticipation !
Partir à la retraite quand on est infirmier ou infirmière libérale nécessite de l’anticipation ! Afin de déterminer l’âge idéal de départ, il est indispensable de prendre le temps de vous poser certaines questions. Retraite à taux plein ou pas forcément ? Régime de base et complémentaire, à quoi avez-vous droit ? Combien de trimestres avez-vous cotisés ? Selon votre parcours et votre état, quel est l’âge limite pour prendre encore bien soin ? Autant de réponses à apporter pour vous aider à bien choisir votre date d’arrêt. Ce cheminement prend du temps alors penchez-vous sur votre retraite au moins un an avant. Plus vous serez organisé, moins vous serez pris au dépourvu. Et puis notez bien que la retraite n’est pas automatique, c’est à vous de faire les démarches pour la demander.
Retraite des infirmières libérales : quel âge ?
L’âge légal de départ à la retraite pour une infirmière libéral au moment où nous écrivons cet article (mars 2023) est de 62 ans, au plus tôt, pour le régime de base. Pour le régime complémentaire et l’ASV, l’âge légal est de 60 ans, au plus tôt. Mais attention, nous vous rappelons que l’âge légal de départ à la retraite ne signifie pas l’âge de la retraite à taux plein. Comme nous l’indique la Carpimko : « Avoir l’âge légal ne vous garantit pas le versement de vos pensions à taux plein. Pour bénéficier de vos pensions à taux plein, vous devez soit justifier d’une durée d’assurance suffisante, soit attendre d’avoir l’âge requis (âge légal + 5 ans). » Vous êtes perdu ? Pas de panique, on vous livre ce tableau très clair pour vous aider à tout comprendre.
Source Carpimko 2021
Alors, la bonne nouvelle, c’est que, quoi qu’il arrive si vous travaillez jusqu’à vos 67 ans en ayant le bon nombre de trimestre, le taux plein s’applique sans discussion !
Les régimes de cotisation pour la retraite des infirmières libérales
Pendant sa période d’activité l’infirmière libérale cotise obligatoirement à trois régimes différents.
- Retraite infirmière libérale : la retraite de base
Ce régime de base dépend, comme pour tous les professionnels libéraux, de la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse des Professions Libérales (CNAVPL). Ce régime est calculé avec un système de points. Le nombre de points correspond à ce que vous avez obtenus lors de votre carrière professionnelle et provient directement de vos cotisations payées.
- Retraite infirmière libérale Carpimko : la retraite complémentaire
Cette retraite complémentaire d’infirmière libérale dépend de la CARPIMKO (Caisse Autonome de Retraite et de Prévoyance des Infirmiers, Masseurs-Kinésithérapeutes, pédicures-podologues, Orthophonistes et orthoptistes). Ce régime complémentaire s’ajoute à votre retraite de base. De la même manière que pour le régime de base, il est calculé avec un système de points. La Carpimko est l’une des 10 sections professionnelles de la CNAVPL. Mais en pratique, elle est l’interlocuteur des infirmières pour leur retraite de base et complémentaire.
- Retraite infirmière libérale : l’Allocation Supplémentaire de Vieillesse (ASV)
En tant qu’IDEL, vous cotisez également pour l’Allocation Supplémentaire de Vieillesse (ASV) calculée elle aussi par système de points.
Retraite infirmière libérale : quel montant ?
Le montant de votre pension de retraite est calculé en fonction de trois éléments :
- le nombre de points acquis pendant votre carrière d’infirmière.
- la valeur du point au moment de la liquidation de votre l’activité.
- le taux de liquidation.
Le tout pour les 3 régimes: la retraite de base, la retraite complémentaire et la retraite supplémentaire. Notez que la valeur du point est différente dans chaque régime. Et que selon si vous avez atteint le taux plein ou pas, des décotes peuvent avoir lieu. Ce qui implique des calculs bien complexes… Pour y voir plus clair et faire une simulation du montant de votre retraite, on vous conseille de vous reporter vers le simulateur de retraite en ligne info-retraite.fr.
Retraite des infirmières et infirmiers libéraux : chiffres clés
- 50 312 € : revenu moyen infirmier déclaré en 2020
- 63,66 ans: âge moyen de liquidation des droits retraite des Idels (femmes et hommes).
- 18,51 ans : durée moyenne de cotisation validée à la Carpimko lors de la demande de retraite au régime de base par les Idels (femmes et hommes).
- 9 006 € : montant moyen de la retraite annuelle versée aux Idels (régime de base + régime complémentaire + ASV)
Source : rapport d’activité 2021 de la Carpimko
Le mot de Giovanni Silverii, fondateur de TabSanté et Infirmier libéral.
« On le voit avec ces chiffres, la retraite de l’IDEL c’est pas l’Eldorado. Pour pouvoir profiter d’une meilleure retraite, et ne pas dépendre que de la Carpimko (pour laquelle on cotise beaucoup plus qu’on ne reçoit…), la solution est de varier les statuts entre salarié et libéral. Le salariat dans un centre de soin, une selarl ou une HAD. Certes vous gagnerez peut-être moins, sur le moment, mais votre retraite sera plus élevée. L’autre solution est d’investir dans des retraites complémentaires. Depuis le 1 er octobre 2019, le Plan Épargne Retraite (PER) est le nouveau dispositif en place. Il propose un seul et unique produit d’épargne retraite. Ce PER vient en remplacement de la Loi Madelin, du PERP, PERCO … Cette réforme de l’épargne retraite a été entérinée par la loi PACTE (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) dans un souci de simplification et d’harmonisation. Ainsi, vous ne cotisez pas en fond perdu, vous pouvez en avoir plusieurs, vous pouvez déduire des impôts, vous pouvez selon certaines conditions, anticiper la récupération des sommes si vous avez un projet immobilier.
Retraite infirmière libérale : les démarches
Avant toute chose, pensez bien à anticiper votre demande de retraite. Un an à 6 mois avant la date fixée, si vous voulez être sûr de vous y retrouver…
1 / INFO RETRAITE
C’est le premier organisme à qui vous adresser. Vous devez déposer votre demande de retraite au moins 6 mois avant sa prise d’effet. Les délais de traitement peuvent être assez longs, ne vous laissez pas surprendre. Pour effectuer cette demande, rendez-vous sur le site « info-retraite.fr » et laissez-vous guider. Vous pouvez encore faire la démarche par courrier. Ce site réunit tous les organismes de retraite obligatoire (de base et complémentaire) et mutualise toutes les données. Cela vous permet une démarche simplifiée. Et surtout, vous pouvez modifier les données si elles ne sont pas valables.
2 / La CPAM (Caisse Primaire d’Assurance Maladie)
Vous devez informer votre CPAM de votre départ à la retraite. 3 mois minimum avant la date de votre début de retraite. Vous leur adresserez votre attestation de la Carpimko mentionnant vos droits à la retraite.
3 / L’URSSAF (Union de recouvrement des cotisations de Sécurité sociale et d’allocations familiales)
1 mois avant la date de votre départ en retraite, vous devez informer l’URSSAF de votre cessation d’activité. Le tout par écrit et en remplissant le bon formulaire ! À la suite de cela, vous allez recevoir une attestation de radiation à conserver soigneusement. Le centre de formalités des entreprises (CFE) se charge alors de transmettre l’information auprès des différents organismes concernés. Bon à savoir : toute cotisation étant due, vous avez tout intérêt à cesser votre activité en fin de trimestre
4 / L’ONI
Il vous reste ensuite à informer l’ONI (Ordre National des Infirmiers) de votre départ à la retraite. On vous recommande de le faire par courrier recommandé avec accusé de réception (AR). Rien de mieux pour être sûr que le courrier arrive à bon port.
5 / LE CENTRE DES IMPÔTS
Une fois la retraite débutée, vous avez 60 jours après la cessation de votre activité pour remplir votre dernière déclaration d’impôts d’infirmier libéral.
6 / SANS OUBLIER : pensez à prévenir votre centre de gestion agréé, si vous en avez un, à résilier vos assurances professionnelles, à fermer votre compte bancaire professionnel et tous les contrats liés à votre activité…